Cest peut-ĂȘtre ce qui le rendit si attachant aux yeux des Français. Reportage B. Rabelle / J. Begue / C. Thomas / P. Taddéï / S. Person Victor Hugo, "Pour Dieu, contre ses prĂȘtres"Je donne cinquante mille francs aux pauvres, je dĂ©sire ĂȘtre portĂ© au cimetiĂšre dans leur corbillard, je refuse l'oraison de toutes les Eglises, je demande une priĂšre Ă  toutes les Ăąmes, je crois en Dieu." Telles sont les cĂ©lĂšbres ultimes volontĂ©s de Victor Hugo et les derniĂšres lignes Ă©crites de sa main, trois jours avant sa mort, le 22 mai 1885. Le dĂ©part fait entre Dieu et ses prĂȘtres semble donc clair. Au premier, plus que le respect, la croyance ; aux autres, plus que le rejet, la dĂ©testation. Cette allergie Ă  l'oraison, oĂč plutĂŽt cette interrogation sur la lĂ©gitimitĂ© de l'intercession entre Dieu et les hommes, Victor Hugo l'avait, bien avant ses derniers instants, maintes fois formulĂ©e. On songe Ă  ce passage de La lĂ©gende des siĂšcles 1877 "Je dois faire appeler cet homme Offre limitĂ©e. 2 mois pour 1€ sans engagement sur ma fosse ? [...] Est-ce que sa voix porte au-delĂ  de la terre ? Est-ce qu'il a le droit de parler au mystĂšre ? Est-ce qu'il est ton prĂȘtre ? Est-ce qu'il sait ton nom ? Je vois Dieu dans les cieux faire signe que non." On ne saurait toutefois en conclure que Victor Hugo exĂšcre sans nuance l'ensemble des hommes d'Eglise et a fortiori qu'il Ă©carte toute conversation avec Dieu, c'est-Ă -dire toute priĂšre. Si la figure de l'archidiacre Claude Frollo, dans Notre-Dame de Paris, tourmentĂ© par le sexe, n'est pas particuliĂšrement flatteuse pour le clergĂ©, la reprĂ©sentation de l'Ă©vĂȘque de Digne, Monseigneur Bienvenu, offrant l'hospitalitĂ© Ă  Jean Valjean, le rĂ©prouvĂ©, est, elle, trĂšs bienveillante. Si bienveillante d'ailleurs, que George Sand en Ă©tait navrĂ©e et que Michelet ne dĂ©colĂ©ra pas "Il y a eu, cette annĂ©e, deux choses qui m'ont fait bien mal", Ă©crit-il Ă  la sortie des MisĂ©rables, "D'abord, la mort de mon fils ; et puis le roman d'Hugo ! Comment ! Il a fait un Ă©vĂȘque estimable et un couvent intĂ©ressant ! Il faut ĂȘtre comme Voltaire un ennemi de vos idĂ©es, de vos principes, il faut le peindre toujours comme un gueux, comme un coquin, comme un pĂ©dĂ©raste." On le voit, nos deux monstres sacrĂ©s du siĂšcle du ProgrĂšs avaient le sens de la nuance ! Sur la priĂšre, maintenant. Jean-Marc Hovasse fait cette remarque que si "il y a des catholiques qui ne pratiquent pas, Hugo Ă©tait plutĂŽt, sur cette question si importante de la priĂšre, un pratiquant qui n'Ă©tait pas catholique". Dans La priĂšre pour tous, la piĂšce la plus longue des Feuilles d'automne, Victor Hugo se charge de tous les pĂ©chĂ©s du monde et seul l'enfant vierge et pur a quelque chance de nous racheter. C'est d'ailleurs pourquoi le dogme de l'ImmaculĂ©e Conception, proclamĂ© en 1854, remplira le poĂšte d'une sainte fureur anticlĂ©ricale. "En prĂ©supposant que tous les enfants portent en eux le pĂ©chĂ© originel", remarque encore Jean-Marc Hovasse, le dogme "anĂ©antit du mĂȘme coup le premier fondement de la religion" de Victor Hugo. On a compris que si le titan des lettres entretenait avec Dieu une intime complicitĂ© - celle que deux dĂ©miurges peuvent nourrir -, que si, en moraliste, il entendait bien "parler Ă  JĂ©sus comme Ă  Socrate", que si, mĂȘme, il avait Ă  coeur de respecter les hommes de foi, sa dĂ©testation fougueuse Ă©tait tout entiĂšre rĂ©servĂ©e au "parti prĂȘtre". Elle se dĂ©chaĂźna, notamment, dans la lutte contre la loi Falloux et, en cela, Victor Hugo a bien mĂ©ritĂ© sa place au panthĂ©on des saints laĂŻcs. Les plus lus OpinionsLa chronique de Pierre AssoulinePierre AssoulineEditoAnne RosencherChroniquePar GĂ©rald BronnerLa chronique d'AurĂ©lien SaussayPar AurĂ©lien Saussay, chercheur Ă  la London School of Economics, Ă©conomiste de l'environnement spĂ©cialiste des questions de transition Ă©nergĂ©tique
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Celuiqui perd sa vie, un jour la trouvera. Entre les bras ouverts un matin au soleil. Ce que tu as souffert, en d’autres revivra. Celui qui perd sa vie, un jour la trouvera. Un sourire germĂ© sur les yeux de ton coeur. Que tu as partagĂ© aux mendiants du bonheur. Ce que tu Ne dites pas mourir ; dites naĂźtre. Croyez. On voit ce que je vois et ce que vous voyez ; On est l’homme mauvais que je suis, que vous ĂȘtes ; On se rue aux plaisirs, aux tourbillons, aux fĂȘtes ; On tĂąche d’oublier le bas, la fin, l’écueil, La sombre Ă©galitĂ© du mal et du cercueil ; Quoique le plus petit vaille le plus prospĂšre ; Car tous les hommes sont les fils du mĂȘme pĂšre ; Ils sont la mĂȘme larme et sortent du mĂȘme oeil. On vit, usant ses jours Ă  se remplir d’orgueil ; On marche, on court, on rĂȘve, on souffre, on penche, on tombe, On monte. Quelle est donc cette aube ? C’est la tombe. OĂč suis-je ? Dans la mort. Viens ! Un vent inconnu Vous jette au seuil des cieux. On tremble ; on se voit nu, Impur, hideux, nouĂ© des mille noeuds funĂšbres De ses torts, de ses maux honteux, de ses tĂ©nĂšbres ; Et soudain on entend quelqu’un dans l’infini Qui chante, et par quelqu’un on sent qu’on est bĂ©ni, Sans voir la main d’oĂč tombe Ă  notre Ăąme mĂ©chante L’amour, et sans savoir quelle est la voix qui chante. On arrive homme, deuil, glaçon, neige ; on se sent Fondre et vivre ; et, d’extase et d’azur s’emplissant, Tout notre ĂȘtre frĂ©mit de la dĂ©faite Ă©trange Du monstre qui devient dans la lumiĂšre un ange. Victor Hugo, Les contemplations C’est lĂ  que nous vivions --- PĂ©nĂštre Mon cƓur, dans ce passĂ© charmant! --- » Ces deux vers constituent une sorte de transition notons l’impĂ©ratif de « pĂ©nĂštre ». Avec cette simple incitation a soi-mĂȘme, l’impĂ©ratif mis en valeur par la coupe et la place en fin de vers, Hugo suggĂšre Ă  quel point il est dĂ©sormais loin du bonheur. La premiĂšre scĂšne se dĂ©roule en
Quel fascinant destin que celui de Victor Hugo ! Destin qui l’amĂšne en seulement quelques annĂ©es du titre de vicomte de la monarchie de Juillet Ă  un long et solitaire exil d’opposant rĂ©publicain sous le Second Empire. Choses vues, recueil de chroniques Ă©crites tout au long de sa vie, nous offre un tĂ©moignage unique sur la RĂ©volution de 1848, moment de rupture dans la vie du poĂšte et commencement d’une vĂ©ritable mĂ©tamorphose politique. Victor Hugo Choses vues est un objet littĂ©raire Ă©tonnant, Ă©troit mĂ©lange de rĂ©flexions politiques entrecoupĂ©es de moments de vie quotidienne et d’anecdotes historiques. Il s’y succĂšde de brefs instants pris sur le vif qui nous rĂ©vĂšlent une ambiance, des atmosphĂšres de rues, l’intimitĂ© de la famille Hugo, les coulisses du jeu parlementaire
 Comme dans une Ɠuvre impressionniste, par diffĂ©rentes petites touches de couleurs, c’est la peinture du temps que l’on peut voir lĂ . L’ouvrage laisse toutefois une impression de brouillage qui renvoie Ă  la confusion des Ă©vĂ©nements vĂ©cus que seule l’histoire Ă©crite a posteriori est capable de mettre en cohĂ©rence. Victor Hugo face Ă  la rue FĂ©vrier 1848. Dans le froid d’un hiver rigoureux, le poĂšte est plongĂ© dans l’écriture de son roman des MisĂšres lorsque la rumeur de la rue et le grondement du peuple de Paris l’amĂšnent Ă  poser sa plume et Ă  devenir l’acteur et le tĂ©moin privilĂ©giĂ© de la rĂ©volte populaire. En ce dĂ©but d’annĂ©e, Victor Hugo n’est pas encore l’immortel rĂ©publicain que l’on enterrera au PanthĂ©on en 1885. AprĂšs avoir Ă©tĂ© un jeune lĂ©gitimiste exaltĂ© cĂ©lĂ©brant le sacre de Charles X, il est devenu, sous le rĂšgne de Louis-Philippe, un notable proche du pouvoir. C’est encore un homme politique assermentĂ© au roi qui vit cette nouvelle RĂ©volution. Il apprĂ©hende avec mĂ©fiance les Ă©vĂ©nements qui agitent Paris. Ce n’est pas le peuple qu’il craint, il en est le thurifĂ©raire, mais il se mĂ©fie de la foule, de ses dĂ©bordements et de ses excĂšs. Dans les annĂ©es prĂ©cĂ©dant la RĂ©volution, la monarchie orlĂ©aniste Ă©tait sourde aux appels des rĂ©formes dĂ©mocratiques. Le rĂ©gime censitaire ne permettait qu’à une infime minoritĂ© de la Nation de participer par le vote Ă  la vie politique. Face Ă  cet immobilisme, l’opposition libĂ©rale mena campagne afin de faire entendre les aspirations d’une partie du pays. Partout en France Ă©taient organisĂ©s des banquets oĂč l’on contestait la politique gouvernementale. L’interdiction d’un de ces banquets, le 22 fĂ©vrier 1848, met soudain le feu Ă  la poudriĂšre parisienne. Autour des Champs-ÉlysĂ©es sont Ă©rigĂ©es les premiĂšres barricades. Ouvriers des faubourgs, Ă©tudiants de la Sorbonne, artisans des quartiers populaires, tout le peuple de Paris s’unit dans la rĂ©volte. Dans une joyeuse et exaltĂ©e confusion, les rues de Paris se couvrent de barricades tandis que s’élĂšvent au-dessus de ses toits La Marseillaise, Le Chant du dĂ©part et Le Chant des Girondins. Paris s’embrase et, fidĂšle Ă  son tempĂ©rament frondeur, dĂ©cide de combattre. Il en faut davantage pour inquiĂ©ter le placide Louis-Philippe qui garde une sĂ©rĂ©nitĂ© inconsciente et n’agit qu’à contretemps. La fraternisation entre la Garde nationale et le peuple accĂ©lĂšre brutalement la chute de la monarchie. Pour Ă©teindre l’incendie, le roi se dĂ©cide Ă  renvoyer Guizot, son impopulaire ministre. La mesure reste inefficace et, face Ă  la montĂ©e de la rĂ©volte, Louis-Philippe est contraint d’abdiquer le 24 fĂ©vrier. Victor Hugo, comme d’autres parlementaires, est alors chargĂ© d’annoncer la nouvelle au peuple rĂ©voltĂ© sur la place de la Bastille. Avec courage, au risque de sa vie, le poĂšte affronte le peuple en colĂšre La foule s’ouvrit devant nous, curieuse et inoffensive. Mais Ă  vingt pas de la colonne, l’homme qui m’avait menacĂ© de son fusil me rejoignit de nouveau et me coucha en joue, en criant A mort le pair de France ! – Non, respect au grand homme. » fit un jeune ouvrier, qui vivement avait abaissĂ© l’arme. » 1848 Ă  l’ombre de 1793 Rare photo d’une barricade de 1848 La RĂ©volution de 1848 et la proclamation de la Seconde RĂ©publique 1848-1852 marquent une rupture dans la vie de Victor Hugo. C’est durant ces quatre annĂ©es qu’il devient l’ardent rĂ©publicain que l’histoire retiendra. Bien que l’auteur des MisĂ©rables ait une empathie naturelle pour le peuple, source pour lui d’inspiration littĂ©raire et de prĂ©occupation politique, son adhĂ©sion Ă  la RĂ©publique n’est pas immĂ©diate. Il conserve en effet un jugement critique Ă  l’encontre des mouvements populaires. D’abord mĂ©fiant, il craint de voir le mouvement socialiste, menĂ© par Blanqui et BarbĂšs, s’attaquer Ă  l’ordre social et aux libertĂ©s. Trop imprĂ©gnĂ© de l’histoire de France, il connaĂźt le risque des dĂ©rives dictatoriales quand le pouvoir est laissĂ© Ă  la rue. La Grande RĂ©volution de 1789 imprĂšgne encore les esprits et l’ombre de la guillotine plane sur cette nouvelle rĂ©publique. Il redoute de voir tomber la France dans la barbarie. Cette rĂ©publique ne serait alors qu’un bĂ©gaiement de l’histoire singeant celle de 1793 On peut tomber au-dessous de Marat, au-dessous de Couthon, au-dessous de Carrier. Comment ? En les imitant. Ils Ă©taient horribles et graves. On serait horrible et ridicule. Quoi ! La Terreur parodie ! Quoi ! La guillotine plagiaire ! Y a-t-il quelque chose de plus hideux et de plus bĂȘte ? 93 a eu ses hommes, il y a de cela cinquante ans, et maintenant il aurait des singes. » Hugo n’a ainsi pas de mots assez durs pour la nouvelle Ă©lite rĂ©publicaine, animĂ©e, selon lui, par la mĂ©diocritĂ© et faite de gesticulations, de petitesses
 Les gĂ©ants de 1789 les rapetissent encore plus. MalgrĂ© ses rĂ©ticences, l’atmosphĂšre du temps l’électrise et il prend conscience que cette rĂ©publique peut devenir un formidable outil au service de la libertĂ© et de la justice sociale. Car il aspire Ă  Ă©lever ce peuple Ă©crasĂ© par la misĂšre. Il dĂ©cide de continuer son combat politique sous le nouveau rĂ©gime. Les Ă©lections l’amĂšnent Ă  devenir dĂ©putĂ©. En juin, c’est donc sur les bancs de l’AssemblĂ©e nationale qu’il apprend une nouvelle rĂ©volte du peuple, déçu par les mesures de la nouvelle rĂ©publique. Face Ă  ces troubles qui remettent en cause la lĂ©gitimitĂ© du suffrage universel, Victor Hugo se range du cĂŽtĂ© des forces de l’ordre. Le pouvoir de la rue lui apparaĂźt comme un despotisme aussi intolĂ©rable que la tyrannie d’un seul homme. Il cherche cependant Ă  attĂ©nuer la rĂ©pression sanglante menĂ©e par le gĂ©nĂ©ral Cavaignac. Conscient de la nĂ©cessitĂ© de faire respecter les nouvelles institutions dĂ©mocratiques, il n’en reste pas moins violemment Ă©prouvĂ© moralement. Enfin cette affreuse guerre de frĂšres Ă  frĂšres est finie ! Je suis quant Ă  moi sain et sauf, mais que de dĂ©sastres ! » C’est dans ce bouillonnement rĂ©volutionnaire et cette ferveur dĂ©mocratique que le poĂšte voit son destin basculer. L’énergie du dĂ©sespoir de ce peuple qu’il admire dĂ©clenche une prise de conscience. Cette rupture historique ne lui apparaĂźt pas nĂ©e du simple hasard mais plutĂŽt ĂȘtre le fruit d’une longue maturation. La RĂ©volution s’inscrit dans le sens de l’histoire elle est l’enfant de la nĂ©cessitĂ© et permet de canaliser l’énergie du peuple afin de l’élever. L’annĂ©e 1848 amorce ainsi sa mĂ©tamorphose vers un rĂ©publicanisme intransigeant. Il devient le dĂ©fenseur d’une rĂ©publique mystique et charnelle qui pose les bases de ses engagements politiques futurs. Dans la confusion des Ă©vĂ©nements, une vĂ©ritĂ© s’impose la RĂ©publique ne lui a jamais Ă©tĂ© extĂ©rieure, elle l’a rĂ©vĂ©lĂ© Ă  lui-mĂȘme.
Eneffet, c'est en lisant la gazette des Tribunaux en 1832 que Victor Hugo découvre l'histoire de cet homme et notamment des circonstances de son emprisonnement et de sa condamnation à mort. C'est à partir de celle-ci que Victor Hugo décide d'en écrire un texte engagé qui sera d'abord publié en 1834 dans La revue de Paris puis diffusé auprÚs de la chambre des députés
Le Deal du moment Cartes PokĂ©mon Japon le display ... Voir le deal Les Mahteux ÂŻ`._.[ La LittĂ©rature ]._.ÂŽÂŻ Pour ceux qui aiment la poĂ©sie AuteurMessageZAKARYAAdmin Nombre de messages 323Age 32Localisation MideltEmploi/loisirs EtudiantDate d'inscription 11/10/2008Sujet Mors Victor Hugo, 1856, poĂšme in Les Contemplations Ven 24 Oct - 830 MORS Je vis cette faucheuse. Elle Ă©tait dans son champ. Elle allait Ă  grands pas moissonnant et fauchant, Noir squelette laissant passer le crĂ©puscule. Dans l'ombre oĂč l'on dirait que tout tremble et recule, L'homme suivait des yeux les lueurs de la faulx. Et les triomphateurs sous les arcs triomphaux Tombaient; elle changeait en dĂ©sert Babylone, Le trĂŽne en l'Ă©chafaud et l'Ă©chafaud en trĂŽne, Les roses en fumier, les enfants en oiseaux, L'or en cendre, et les yeux des mĂšres en ruisseaux. Et les femmes criaient - Rends-nous ce petit ĂȘtre. Pour le faire mourir, pourquoi l'avoir fait naĂźtre? - Ce n'Ă©tait qu'un sanglot sur terre, en haut, en bas; Des mains aux doigts osseux sortaient des noirs grabats; Un vent froid bruissait dans les linceuls sans nombre; Les peuples Ă©perdus semblaient sous la faulx sombre Un troupeau frissonnant qui dans l'ombre s'enfuit; Tout Ă©tait sous ses pieds deuil, Ă©pouvante et nuit. DerriĂšre elle, le front baignĂ© de douces flammes, Un ange souriant portait la gerbe d'Ăąmes. Mars Hugo, Les Contemplations 1856 ZAKARYAAdmin Nombre de messages 323Age 32Localisation MideltEmploi/loisirs EtudiantDate d'inscription 11/10/2008Sujet Re Mors Victor Hugo, 1856, poĂšme in Les Contemplations Ven 24 Oct - 832 Commentaire littĂ©raire I- Qui voit ? Qui est vu ?DiffĂ©rents personnages les hommes pas de portait prĂ©cis, pas de nom, dĂ©signe les hommes en gĂ©nĂ©ral, la faucheuse allĂ©gorie de la mort, dĂ©signĂ©e par elle », squelette », faux » ,elle-mĂȘme dĂ©signĂ©e par lueur », rayon lumineux faible, le poĂšte je », inspirĂ© par la Muse, a le sentiment d’avoir une mission, il a un don de poĂšte voyant, il est un peu en retrait, il voit la mort agir et le lecteur est invitĂ© Ă  le rejoindre, fĂ©e, peuples, triomphateurs gĂ©nĂ©raux, gens qui sont plus puissants, ange, ensemble de l’humanitĂ© reprĂ©sentĂ©e, la mort touche tout le monde, pas de lieu dĂ©crit. La mort est toute puissante, c’est elle qui a le dernier Qu’est-ce qui fait la puissance de la mort ?Elle agit en tout lieu et concerne tout le monde, toute Ă©poque Babylone, fait rĂ©fĂ©rence Ă  d’anciennes civilisations, occupation de l’espace en bas, en haut », elle domine, marque le territoire, il y a des antithĂšses rosefumier, orcendres. On passe d’un extrĂȘme a l’autre, mĂ©tamorphose brutal des situations, illusion que peut avoir l’homme d’ĂȘtre tout puissant, riche => inversement des rĂŽles, pouvoir inexorable. La mort ne peut ĂȘtre arrĂȘtĂ©e, domination de la Sort de l’humanitĂ©On ne peut lutter contre cette mort, elle touche tout le monde, le poĂšte ne peut agir contre cette Champs lexical de la mortPeur, nuit, mort, angoisse
, Ă©vocation de la peur doigts osseux, noirs grabats »On peut Ă©galement travailler sur les sonoritĂ©s et les sensations de ce poĂšme, notamment lorsque Hugo parle de la faucheuse, les sonoritĂ©s entraĂźnent le lecteur dans une atmosphĂšre pesante et angoissante
Conclusion De ce poĂšme, c’est tout d’abord la vision effroyable que nous retiendrons, l’utilisation particuliĂšrement efficace des procĂ©dĂ©s poĂ©tiques, linguistiques, auditifs. On observe cependant un contraste avec l’ange, il n’y a pas de transition pour dĂ©signer l’ange Ă  part le terme derriĂšre elle », il reprĂ©sente une vison de paix, d’apaisement, sourire, vision plutĂŽt positive. Toutefois, derriĂšre le pessimisme de ce texte, que la brĂšve conclusion ne parvient pas a dissiper, il est important de souligner que Victor Hugo, est bien au bout de son long combat personnel de la mort de sa fille, le moi » s’efface pour laisser place Ă  une prĂ©occupation plus large, et Hugo redevient le mage et le chantre de l’humanitĂ©. Hugo Ă©tait persuadĂ© d’une vie aprĂšs la mort. ZAKARYAAdmin Nombre de messages 323Age 32Localisation MideltEmploi/loisirs EtudiantDate d'inscription 11/10/2008Sujet Re Mors Victor Hugo, 1856, poĂšme in Les Contemplations Ven 24 Oct - 834 Autre possibilitĂ© analyse linĂ©aire du poĂšme MorsIntroduction Le poĂšme Mors de Victor Hugo que nous allons Ă©tudier est un poĂšme de 20 vers qui nous prĂ©sente le triomphe absolu de la mort, par la description d'une atmosphĂšre d'apocalypse que les deux derniers vers ne parviennent peut-ĂȘtre pas Ă  dissiper. Le poĂšme s'organise autour d'un double jeu de sensations. D'une part, la sensation visuelle, largement dĂ©veloppĂ©e dans les dix premiers vers, introduite par le passĂ© simple "je vis"; d'autre part la sensation auditive dĂ©veloppĂ©e Ă  partir du verbe "crier". Nous allons faire une lecture linĂ©aire du poĂšme Mors qui s'efforcera de dĂ©velopper Ă  partir de l'Ă©tude des procĂ©dĂ©s stylistiques et phonĂ©tiques ce double jeu de linĂ©aire InstallĂ© au dessus du poĂšme avec des majuscules Ă©crasantes et la tonalitĂ© d'Ă©ternitĂ© que lui donne l'utilisation du latin, le titre Mors prĂ©figure l'ensemble du texte. Le jeu initial vient donner au texte sa tonalitĂ© lyrique. Toutefois, c'est lĂ  sa derniĂšre pensĂ©e du poĂšte s'Ă©largit pour prendre en compte l'humanitĂ© toute entiĂšre. La mort nous est prĂ©sentĂ©e Ă  travers l'allĂ©gorie traditionnelle de la "faucheuse". Une mort qui est constamment prĂ©sente comme le suggĂšre l'imparfait, une mort que nous connaissons de plus comme l'indique le dĂ©monstratif "cette"; mais une mort qui surprend toujours, comme elle surprit le poĂšte lui-mĂȘme par l'utilisation du passĂ© simple "je vis".Le royaume de la mort nous est prĂ©cisĂ© Ă  travers la mĂ©taphore du "champ" qui, dans ses accents pascaliens, rĂ©duit le monde Ă  un espace limitĂ©. C'est la mĂȘme mĂ©taphore filĂ©e qui vient nous dĂ©crire l'activitĂ© incessante de la mort "moissonnant et fauchant". La rĂ©pĂ©tition des participes prĂ©sents souligne le travail rĂ©pĂ©titif, alors que le verbe "aller" nous montre qu'aucun obstacle ne peut freiner ce content de nous le dĂ©crire, Hugo nous le fait initiative des chuintantes et des sifflantes dĂ©veloppĂ©e tout au long du poĂšme Ă©voque parfaitement le sifflement sinistre de la "faulx" "faucheuse" et "champ", "moissonnant" et "fauchent", "triomphateurs" et "triomphaux", "Ă©chafaud" rĂ©pĂ©tĂ© deux fois. Dans une atmosphĂšre d'apocalypse, la mort nous est prĂ©sentĂ©e Ă  partir d'un champ lexical de la peur et de la nuit "noir", "squelette", "crĂ©puscule", "ombre", "tremble" en mĂȘme temps que les gutturales "crĂ©puscule", "ombre", "dirait", "tremble", "recule" qui nous font entendre le frisson de la au spectre qui se fond dans la nuit "laissant passer le crĂ©puscule", la victime est incapable du moindre mouvement "suivait des yeux" alors que l'arme prend des allures particuliĂšrement inquiĂ©tantes, parce qu'elle est presque invisible elle aussi "les lueurs de la faulx". La mort travaille donc inlassablement, frappant d'Ă©galitĂ© l'ensemble de ses victimes. L'alexandrin hugolien se gonfle de la puissance humaine Ă©voquĂ©e par la redondance "triomphateurs", "triomphaux", "l'arc" connotant Ă©galement le cette puissance humaine qui contient d'ailleurs en elle-mĂȘme le bruit de l'arme qui doit l'abattre "faulx" est balayĂ©e par le rejet du verbe "tomber". Par un jeu d'antithĂšses, le poĂšte insiste sur le travail de la mort, l'opulence de "Babylone" s'oppose Ă  l'austĂ©ritĂ© du "dĂ©sert", le lieu des supplices "Ă©chafaud" s'oppose Ă  la noblesse du "trĂŽne" image Ă©galisatrice qui est soutenue par le chiasme. L'antithĂšse est Ă©galement affective de la "rose" au "fumier". Enfin, "l'or", symbole de richesse et de puissance s'oppose Ă  la "cendre" qui connote la poussiĂšre et la Hugo ne peut pousser jusqu'au bout ce jeu de l'antithĂšse au cadavre de "l'enfant", il substitue sous forme d'espoir l'image aĂ©rienne et libre de "l'oiseau"; travail qui engendre la souffrance et la rĂ©volte, une souffrance qui est symbolisĂ©e par l'hyperbolique peine des "mĂšres" "les yeux en ruisseaux", rĂ©volte qui introduit la sensation auditive dominante dans la seconde partie "criaient", rĂ©volte mise en valeur par l'impĂ©ratif "rends-nous" oĂč la main semble hĂ©siter Ă  se croiser ou Ă  se lever, poing fermĂ© vers le ciel. Travail de la mort qui va en effet jusqu'Ă  l'absurditĂ© insupportable. La cohabitation dans le mĂȘme vers des verbes "mourir" et "naĂźtre" nous confronte en effet Ă  la mort de l'enfant, plus incomprĂ©hensible poĂšme se termine dans une nouvelle Ă©vocation de la peur et de l'horreur l'horreur des "doigts osseux", des "noirs grabats", des "linceuls", des "peuples Ă©perdus", de "la faulx sombre", du "troupeau frissonnant", montrent un champ lexical particuliĂšrement dĂ©veloppĂ©. DerriĂšre le vocabulaire, la musique des mots le souffle glacĂ© de la bise "vent", "froid", "bruisser", "linceul", "semblaient", "sous", "faulx", "sombre", "frissonnant", "s'enfuit", la peur phonĂ©tique des gutturales "sortaient", "noirs grabats", "froid", "bruissait", "nombre", "Ă©perdus", "sombre", "troupeau", "frissonnant", "ombre". La rime assourdie "nombre-sombre" reprise phonĂ©tiquement par le mot "ombre" contribue aussi, de par ses tonalitĂ©s mineures, Ă  la tristesse du tableau. Tableau qui se termine par l'effrayante synthĂšse ponctuĂ©e par les monosyllabes "tout", "sous", "ces", "pieds", "deuil", "et", "nuit" ainsi que par la gradation "deuil", "Ă©pouvante", "nuit". La "nuit" traduit une fin brutale. La rime masculine, l'accent douloureux du "i" viennent interrompre la ici que pourrait se terminer le poĂšme, cependant, les deux derniers vers allument un espoir, qui est soulignĂ© par l'antithĂšse du vocabulaire et l'antithĂšse phonĂ©tique. Aux champs lexicaux de la chaleur et de la nuit s'opposent les champs lexicaux de la chaleur et de la lumiĂšre "baignĂ©", "douces flammes", "souriant". Au locatif "sous" s'oppose le locatif "derriĂšre elle". Aux sonoritĂ©s Ă©touffĂ©es "sombre", "ombre" s'oppose l'ouverture des voyelles "derriĂšre", "baignĂ©", "flammes", "ange", "souriant", "portrait", "Ăąmes". Enfin, Hugo rĂ©utilise la mĂ©taphore filĂ©e c'est la mort qui moissonne et c'est l'ange qui De ce poĂšme, c'est naturellement tout d'abord la vision effroyable que nous retiendrons, l'utilisation particuliĂšrement efficace des procĂ©dĂ©s poĂ©tiques, linguistiques et auditifs. Toutefois, derriĂšre le pessimisme de ce texte, que la brĂšve conclusion de parvient pas Ă  dissiper, il est important de souligner que Victor Hugo est bien au bout de son long combat personnel de la mort de LĂ©opoldine. Le "moi" s'efface pour laisser place Ă  une prĂ©occupation plus large, et Hugo redevient le mage et le chantre de l'humanitĂ©. Contenu sponsorisĂ©Sujet Re Mors Victor Hugo, 1856, poĂšme in Les Contemplations Mors Victor Hugo, 1856, poĂšme in Les Contemplations Page 1 sur 1Permission de ce forumVous ne pouvez pas rĂ©pondre aux sujets dans ce forumLes Mahteux ÂŻ`._.[ La LittĂ©rature ]._.ÂŽÂŻ Pour ceux qui aiment la poĂ©sieSauter vers
Lexemple le plus significatif nous est donnĂ© par le personnage du condamnĂ© du roman Ă  thĂšse de Victor Hugo, qui va laisser derriĂšre lui sa vielle maman, sa femme malade et sa fille de trois ans sans personne pour subvenir Ă  leurs besoins. En dernier lieu, ils affirment que la peine capitale ne donne pas une deuxiĂšme chance aux condamnĂ©s pour se repentir et Voici 3 textes de Victor Hugo dĂ©crivant des exĂ©cutions capitales au XIX° siĂšcle Son combat contre la peine de mort fut permanent. Il Ă©crivit » le dernier jour d’un condamnĂ© » dĂšs 1832 et utilisa tout son talent de poĂšte, de romancier et d’orateur pour peser de tout son poids pour l’abolition de tous les gibets. Il ne refusa jamais de prĂȘter son nom pour aider Ă  un recours en grĂące. Dans ces trois textes, il n’hĂ©site pas Ă  théùtraliser l’exĂ©cution, Ă  faire ressortir les dĂ©tails les plus terribles pour arriver Ă  son effet. C’est magistral. Thierry Poinot Victor Hugo contre la peine de mort Le dernier jour d’un condamnĂ©, prĂ©face de 1832, extrait Il faut citer ici deux ou trois exemples de ce que certaines exĂ©cutions ont eu d’épouvantable et d’impie. Il faut donner mal aux nerfs aux femmes des procureurs du roi. Une femme c’est quelque fois une conscience. Dans le midi, vers la fin du mois de novembre dernier, nous n’avons pas bien prĂ©sent Ă  l’esprit le lieu, le jour, ni le nom du condamnĂ©, mais nous les retrouverons si l’on conteste les faits, et nous croyons que c’est Ă  Pamiers ; vers la fin de septembre donc, on vient trouver un homme dans sa prison, oĂč il jouait tranquillement aux cartes on lui signifie qu’il faut mourir dans deux heures, ce qui le fait trembler de tous ses membres, car, depuis six mois qu’on l’oubliait, il ne comptait plus sur la mort ; on le rase, on le tond, on le garrotte, on le confesse; puis on le brouette entre 4 gendarmes, et Ă  travers la foule, au lieu de l’exĂ©cution. Jusqu’ici rien que de simple. C’est comme cela que cela se fait. ArrivĂ© Ă  l’échafaud, le bourreau le prend au prĂȘtre, l’emporte, le ficelle sur la bascule, l’enfourne, je me sers ici d’argot, puis il lĂąche le couperet. Le lourd triangle de fer se dĂ©tache avec peine, tombe en cahotant dans ses rainures, et, voici l’horrible qui commence, entame l’homme sans le tuer. L’homme pousse un cri affreux. Le bourreau, dĂ©concertĂ©, relĂšve le couperet et le laisse retomber. Le couperet mord le cou du patient une seconde fois, mais ne le tranche pas. Le patient hurle, la foule aussi. Le bourreau rehisse encore le couperet, espĂ©rant mieux du troisiĂšme coup. Point. Le troisiĂšme coup fait jaillir un troisiĂšme ruisseau de sang de la nuque du condamnĂ©, mais ne fait pas tomber la tĂȘte. AbrĂ©geons. Le couteau remonta et retomba cinq fois , cinq fois il entama le condamnĂ©, cinq fois le condamnĂ© hurla sous le coup et secoua sa tĂȘte vivante en criant grĂące ! Le peuple indignĂ© prit des pierres et dans sa justice se mit Ă  lapider le misĂ©rable bourreau. Le bourreau s’enfuit sous la guillotine et s’y tapit derriĂšre les chevaux des gendarmes. Mais vous n’ĂȘtes pas au bout. Le suppliciĂ© se voyant seul sur l’échafaud, s’était redressĂ© sur la planche, et lĂ , debout, effroyable, ruisselant de sang, soutenant sa tĂȘte Ă  demi coupĂ©e qui pendait sur son Ă©paule, il demandait avec de faibles cris qu on vint le dĂ©tacher. La foule, pleine de pitiĂ©, Ă©tait sur le point de forcer les gendarmes et de venir Ă  l’aide du malheureux qui avait subit cinq fois son arrĂȘt de mort. C’est en ce moment lĂ  qu’un valet du bourreau, jeune home de vingt ans, monte sur l’échafaud, dit au patient de se retourner pour qu’il le dĂ©lie, et, profitant de la posture du mourant qui se livrait Ă  lui sans dĂ©fiance, saute sur son dos et se met Ă  lui couper pĂ©niblement ce qui lui restait de cou avec je ne sais quel couteau de boucher. Cela s’est fait. Cela s’est vu. Oui. Aux termes de la loi, un juge a dĂ» assister Ă  cette exĂ©cution. D’un signe il pouvait tout arrĂȘter. Que faisait-il donc de sa voiture, cet homme pendant qu’on massacrait un homme ? Que faisait-il ce punisseur d’assassins, pendant qu’on assassinait en plein jour, sous ses yeux, sous le souffle de ses chevaux, sous la vitre de sa portiĂšre ? A Dijon, il y a trois mois, on a menĂ© au supplice une femme. Une femme ! Cette fois encore, le couteau du docteur Guillotin a mal fait son service. La tĂȘte n’a pas Ă©tĂ© tout Ă  fait coupĂ©e. Alors les valets de l’exĂ©cuteur se sont attelĂ©s aux pieds de la femme, et Ă  travers les hurlements, de la malheureuse, et Ă  force de tiraillements et de soubresauts, ils lui ont arrachĂ© la tĂȘte par arrachement. A Paris, nous revenons au temps des exĂ©cutions secrĂštes. Comme on n’ose plus dĂ©capiter en grĂšve [ la place de GrĂšve Ă©tait la place des exĂ©cutions capitales] depuis juillet [1830], comme on a peur, comme on est un lĂąche, voici ce qu’on fait. On a pris derniĂšrement Ă  BicĂȘtre un homme, un condamnĂ© Ă  mort, un nommĂ© DĂ©sandrieux je crois ; on l’a mis dans une espĂšce de panier traĂźnĂ© sur deux roues, clos de toutes parts, cadenassĂ© et verrouillĂ© ; puis, un gendarme en tĂȘte, un gendarme en queue, Ă  petit bruit et sans foule, on a Ă©tĂ© dĂ©poser le paquet Ă  la barriĂšre dĂ©serte de Sait Jacques [ Cela marque la sortie de Paris]. ArrivĂ©s lĂ , il Ă©tait huit heures du matin, Ă  peine jour, il y avait une guillotine toute fraĂźche dressĂ©e et pour public quelques douzaines de petits garçons groupĂ©s sur des tas de pierres voisins autour de la machine inattendue ; on a tirĂ© l’homme du panier, et, sans lui donner le temps de respirer, furtivement, sournoisement, honteusement, on lui a escamotĂ© la tĂȘte. Cela s’appelle un acte public et solennel de haute justice. InfĂąme dĂ©rision ! Le 11 juin 1851, Victor Hugo dĂ©fend son fils Charles accusĂ© de manquement grave au respect de la Loi » devant le tribunal. Il avait relatĂ© une exĂ©cution capitale particuliĂšrement atroce. Quoi ? Quoi ? Un homme, un homme, un condamnĂ©, un misĂ©rable homme est traĂźnĂ©, un matin, sur une de nos places publiques ; lĂ  il trouve l’échafaud ; il se rĂ©volte, il se dĂ©bat, il refuse de mourir. Il est tout jeune encore, il a vingt-neuf ans Ă  peine. Mon Dieu ! On va ma dire c’est un assassin ! Mais Ă©coutez deux exĂ©cuteurs le saisissent, il a les mains liĂ©es, les pieds liĂ©s, il repousse les deux exĂ©cuteurs. Une lutte affreuse s’engage. Le condamnĂ© embarrasse ses pieds garrottĂ©s dans l’échelle patibulaire, il se sert de l’échafaud contre l’échafaud. La lutte se prolonge, l’horreur parcourt la foule. Les exĂ©cuteurs, la sueur et la honte au front, pĂąles, haletants, terrifiĂ©s, dĂ©sespĂ©rĂ©s – de je ne sais quel horrible dĂ©sespoir-, courbĂ©s sous cette rĂ©probation publique qui devrait se borner Ă  condamner la peine de mort et qui a tort d’écraser l’instrument passif, le bourreau, les exĂ©cuteurs font des efforts sauvages. Il faut que la force reste Ă  la Loi, c’est la maxime. L’homme se cramponne Ă  l’échafaud et demande grĂące, ses vĂȘtements sont arrachĂ©s, ses Ă©paules nues sont en sang. Il rĂ©siste toujoursĆ  Enfin, aprĂšs trois quarts d’heure, oui, trois quart d’heureĆ  ici l’avocat gĂ©nĂ©ral fait un signe de dĂ©nĂ©gation On nous chicane sur les minutes, disons trente cinq minutes de cet effort monstrueux, de ce spectacle sans nom, de cette agonie, agonie pour tout le monde, entendez-vous bien ! agonie pour le peuple qui est lĂ  autant que pour le condamnĂ©, aprĂšs ce siĂšcle d’angoisse, Messieurs les jurĂ©s, on ramĂšne le misĂ©rable Ă  la prison. Le peuple respire. Le peuple croit l’homme Ă©pargnĂ©. Point ! Et le soir, on prend un renfort de bourreaux, on garrotte l’homme de telle sorte qu’il ne soit plus qu’une chose inerte, et Ă  la nuit tombĂ©e on le rapporte sur la place publique, pleurant, hurlant, hagard, tout ensanglantĂ©, appelant la vie, appelant Dieu, appelant son pĂšre et sa mĂšre, car devant la mort cet homme Ă©tait redevenu un enfantĆ  On le hisse sur l’échafaud et sa tĂȘte tombe ! Jamais le meurtre lĂ©gal n’est apparu avec plus de cynisme et d’abomination. » CitĂ© par J-F Kahn dans L’Extraordinaire MĂ©tamorphose ou cinq ans de la vie de Victor Hugo 1847-1851 » ed. Le Seuil. Il s’agit d’une lettre envoyĂ©e par Victor Hugo au ministre de l’intĂ©rieur anglais Lord Palmerston le lendemain de l’exĂ©cution de Tapner. Tapner Ă©tait un assassin qui fut pendu Ă  Guernesey, Ăźle anglaise sur laquelle Victor Hugo Ă©tait en exil. DĂšs le point du jour une multitude immense fourmillait aux abords de la geĂŽle. Un jardin Ă©tait attenant Ă  la prison. On y avait dressĂ© l’échafaud. Une brĂšche avait Ă©tĂ© faite au mur pour que le condamnĂ© passĂąt. A huit heures du matin, la foule encombrant les rues voisines, deux cents spectateurs privilĂ©giĂ©s » Ă©tant dans le jardin, l’homme a paru Ă  la brĂšche. Il avait le front haut et le pas ferme ; il Ă©tait pĂąle ; le cercle rouge de l’insomnie entourait ses yeux. Le mois qui venait de s’écouler venait de le vieillir de vingt annĂ©es. Cet homme de trente ans en paraissait cinquante. Un bonnet de coton blanc profondĂ©ment enfoncĂ© sur la tĂȘte et relevĂ© sur le front, – dit un tĂ©moin oculaire, – vĂȘtu de la redingote brune qu il portait aux dĂ©bats, et chaussĂ© de vieilles pantoufles », il a fait le tour d’une partie du jardin dans une allĂ©e exprĂšs. Les bordiers, le shĂ©rif, le lieutenant-shĂ©rif, le procureur de la reine, le greffier et le sergent de la reine l’entouraient. Il avait les mains liĂ©es ; mal, comme vous allez voir. Pourtant, selon l’usage anglais, pendant que les mains Ă©taient croisĂ©es par les liens sur la poitrine, une corde rattachait les coudes derriĂšre le dos. Il marchait l’©il fixĂ© sur le gibet. Tout en marchant il disait Ă  voix haute Ah mes pauvres enfants ! A cĂŽtĂ© de lui, le chapelain Bouwerie, qui avait refusĂ© de signer la demande en grĂące, pleurait. L’allĂ©e sablĂ©e menait Ă  l’échelle. Le nŠud pendait. Tapner a montĂ©. Le bourreau d’en bas tremblait ; les bourreaux d’en bas sont quelquefois Ă©mus. Tapner s’est mis lui-mĂȘme sous le nŠud coulant et y a passĂ© son cou, et, comme il avait les mains peu attachĂ©es, voyant que le bourreau, tout Ă©garĂ©, s’y prenait mal, il l’a aidĂ©. Puis, comme s’il pressentait ce qui allait suivre, » – dit le mĂȘme tĂ©moin, – il a dit Liez-moi donc mieux les C’est inutile, a rĂ©pondu le bourreau. » Tapner Ă©tant ainsi debout dans le nŠud coulant, les pieds sur la trappe, le bourreau a rabattu le bonnet sur son visage, et l’on a plus vu de cette face pĂąle qu’une bouche qui priait. La trappe, prĂȘte Ă  s’ouvrir sous lui, avait environ deux pieds carrĂ©s. AprĂšs quelques secondes, le temps de se retourner, l’homme des hautes Šuvres » a pressĂ© le ressort de la trappe. Un trou s’est fait sous le condamnĂ©, il y est tombĂ© brusquement, la corde s’est tendue, le corps a tournĂ©, on a cru l’homme mort. On pensa, dit le tĂ©moin, que Tapner avait Ă©tĂ© tuĂ© raide par la rupture de la moelle Ă©piniĂšre. » Il Ă©tait tombĂ© de quatre pieds de haut [1,2 mĂštre], et de tout son poids, et c’était un homme de haute taille ; et le tĂ©moin ajoute Ce soulagement des cŠurs oppressĂ©s ne dura pas deux minutes. » Tout Ă  coup, l’homme, pas encore cadavre et dĂ©jĂ  spectre, a remuĂ© ; les jambes se sont Ă©levĂ©es et abaissĂ©es l’une aprĂšs l’autre comme si elles essayaient de monter des marches dans le vide, ce qu’on entrevoyait de la face est devenu horrible, les mains, presque dĂ©liĂ©es, s’éloignaient et se rapprochaient comme pour demander assistance, » dit le tĂ©moin. Le lien des coudes s’était rompu Ă  la secousse de la chute. Dans ces convulsions, la corde s’est mise Ă  osciller, les coudes du misĂ©rable ont heurtĂ© le bord de la trappe, les mains s’y sont cramponnĂ©es, le genou droit s’y est appuyĂ©, le corps s’est soulevĂ©, et le pendu s’est penchĂ© sur la foule. Il est retombĂ©, puis a recommencĂ©. Deux fois, dit le tĂ©moin. La seconde fois il s’est dressĂ© Ă  un pied de hauteur ; la corde a Ă©tĂ© Ă  un moment lĂąche. Puis il a relevĂ© son bonnet et la foule a vu ce visage. Cela durait trop, Ă  ce qu’il paraĂźt. Il a fallu finir. Le bourreau, qui Ă©tait descendu, est remontĂ©, et a fait, je cite toujours le tĂ©moin oculaire, lĂącher prise au patient. » La corde avait dĂ©viĂ© ; elle Ă©tait sous le menton ; le bourreau l’a remise sous l’oreille aprĂšs quoi il a pressĂ© les Ă©paules. » Le bourreau et le spectre ont luttĂ© un moment ; le bourreau a vaincu. Puis cet infortunĂ©, condamnĂ© lui-mĂȘme, s’est prĂ©cipitĂ© dans le trou oĂč pendait Tapner, lui a Ă©treint les deux genoux et s’est suspendu Ă  ses pieds. La corde s’est balancĂ©e Ă  un moment, portant le patient et le bourreau, le crime et la loi. Enfin, le bourreau a lui-mĂȘme lĂąchĂ© prise. » C’était fait. L’homme Ă©tait mort. Vous le voyez, monsieur, les choses se sont bien passĂ©es. Cela a Ă©tĂ© complet. Si c’est un cri d’horreur qu on a voulu, on l’a. La ville Ă©tant bĂątie en amphithéùtre, on voyait cela de toutes les fenĂȘtres. Les regards plongeaient dans le jardin. » In Actes et paroles. II, 1875 . Affaire Tapner 1834. A Lord Palmerston » extrait. Y Victor Hugo dĂ©fense de la culture
CepoĂšme se situe aprĂšs la rupture marquĂ©e par une ligne de points entre le poĂšme II, « le 15 fĂ©vrier 1843 » et le III « trois ans aprĂšs » qui symbolise la mort de LĂ©opoldine. C’est un poĂšme en quatre strophes de six vers composĂ©es en deux alexandrins, un sizain puis deux alexandrins et un sizain. Les rimes suivent le schĂ©ma
25 AoĂ»t 2016 "Tout se transfigure dans la lumiĂšre et par la lumiĂšre." "Le prodige de ce grand dĂ©part cĂ©leste qu’on appelle la mort, c’est que ceux qui partent ne s’éloignent point. Ils sont dans un monde de clartĂ©, mais ils assistent, tĂ©moins attendris, Ă  notre monde de tĂ©nĂšbres. Ils sont en haut et tout ! qui que vous soyez, qui avez vu s’évanouir dans la tombe un ĂȘtre cher, ne vous croyez pas quittĂ©s par lui. Il est toujours lĂ . Il est Ă  cĂŽtĂ© de vous plus que jamais. La beautĂ© de la mort, c’est la prĂ©sence. PrĂ©sence inexprimable des Ăąmes aimĂ©es, souriant Ă  nos yeux en larmes. L’ĂȘtre pleurĂ© est disparu, non parti. Nous n’apercevons plus son doux visage ; nous nous sentons sous ses ailes. Les morts sont les invisibles, mais ils ne sont pas les justice Ă  la mort. Ne soyons point ingrats envers elle. Elle n’est pas, comme on le dit, un Ă©croulement et une embĂ»che. C’est une erreur de croire qu’ici, dans cette obscuritĂ© de la fosse ouverte, tout se perd. Ici, tout se retrouve. La tombe est un lieu de restitution. Ici l’ñme ressaisit l’infini ; ici elle recouvre sa plĂ©nitude ; ici elle rentre en possession de toute sa mystĂ©rieuse nature ; elle est dĂ©liĂ©e du corps, dĂ©liĂ©e du besoin, dĂ©liĂ©e du fardeau, dĂ©liĂ©e de la fatalitĂ©. La mort est la plus grande des libertĂ©s. Elle est aussi le plus grand des progrĂšs. La mort, c’est la montĂ©e de tout ce qui a vĂ©cu au degrĂ© supĂ©rieur. Ascension Ă©blouissante et sacrĂ©e. Chacun reçoit son augmentation. Tout se transfigure dans la lumiĂšre et par la lumiĂšre. Celui qui n’a Ă©tĂ© qu’honnĂȘte sur la terre devient beau, celui qui n’a Ă©tĂ© que beau devient sublime, celui qui n’a Ă©tĂ© que sublime devient bon."Discours de Victor Hugo sur la tombe d'Emily de Putron Tags Mort, Dieu . 37 746 563 214 297 154 214 755

ce que c est que la mort victor hugo